• Vis ma vie - Une semaine en fauteuil roulant

    Vous commencez à tous le savoir, j'ai des problèmes de dos qui me pourrissent un peu la vie depuis un an maintenant (et ouais y'a un an je faisait connaissance avec le monde merveilleux des longs arrêts de travail à répétition... tiens d'ailleurs aujourd'hui j'étais trop mal pour aller bosser... bref).

     

    Donc mon dos me pourris la vie, mais depuis un an j'ai appris à m'adapter. Je suis mon traitement ce qui fait beaucoup de bien et j'évite les situations qui vont me faire mal. Ca me fait croire que je vais mieux. Mais en fait non... Et ces vacances me l'ont bien prouvées. Parce que entre les balades, les voyages en voiture à répétition et les changements de lits tous les quatre matins bah autant vous dire que j'ai douillé. C'est arrivé au point où je ne pouvait pas supporter plus de trente minutes de marche. Autant vous dire que les visites dans Barcelone on étées écourtées et que moi bah j'étais verte.

     

    Vis ma vie - Une semaine en fauteuil roulant

    Oh c'est joli! Tiens et si vous alliez visiter pendant que reste assise ici à vous attendre???

     

    Et avec Chéri (je vous rapelle au passage que vous pouvez voter pour sa nouvelle ici) on avait prévu une semaine à Florence en amoureux. Hors de question que je recommence la même chose! Du coup, j'ai loué un fauteuil roulant pour l'occasion. Pendant une semaine je n'ai presque pas marché et franchement... j'étais contente de me remettre debout. Cette situation change tellement de choses...

     

    La première chose vraiment désagréable et qui a été dure a supporter c'est qu'on est constemment dépendant de quelqu'un. Parce que oui, on peut se pousser tout seul à la force de ses bras. Mais pas quand on a mal au dos. J'ai essayé hein. Mais mes cervicales ont très vivement protestées. Donc Chéri m'a poussé presque tout le temps. J'ai totalement confiance en lui, mais ne pas être maitre de là où on souhaite aller c'est dur. (Surtout quand monsieur décide de traverser alors que le tram va passer, et que tu vois ta vie défiler devant tes yeux). C'est dur aussi quand tu regarde quelque chose (parce qu'on a fait pas mal de musées) et que d'un seul coup bah tu tourne et tu vois plus rien! Et le dernier truc bien flippant quand tu dépends entièrement de quelqu'un d'autre c'est quand tu vois le trou dans le trottoir arrivé et tu sais que potentiellement la roue va se bloquer et que ça va taper mais t'y peux rien...

    Attention, je ne le blâme pas du tout. J'explique juste mon ressenti. Et ça m'a mis des milliers de questions en tête. Parce que des personnes en fauteuil j'en ai déjà poussées sauf qu'en plus elles étaient autistes et ne parlaient pas. Impossible de dire alors "attention y'a un trou", "hey je regardais ça", "heu là passe en marche arrière parce que moi je le sens pas...". Et même si j'étais très attentive puis-je assurer que je ne suis jamais passée à côté de leurs désirs? Non. Le coup de la roue qui se bloque et qui fait raler je le connais bien parce que ça m'est arrivé souvent. Sauf que moi j'ai choisi d'être dans ce fauteuil, eux ont étés obligés de remettre leur confiance en mes mains.

     

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    En tant normal, j'ai assez l'habitude qu'on me regarde dans la rue (voire qu'on me fixe, puis qu'on vienne en mode "Hey Mamzelle t'es trop charmante"). Du coup le regard des autres c'est quelque chose que je sais assez gérer. Mais je vous avoue que j'ai été assez surprise. Bon ok, on ne me regardais pas pour mon décolleté c'est clair, mais dans l'ensemble les regards n'étaient pas mauvais ou compatissants. La plupart des gens jettent un oeil et passent à autre chose. Certains ne voient même pas (genre une dame a failli me tomber dessus tellement elle ne m'a pas vue quoi). Par contre ceux qui se forcent à ne pas regarder sont griller direct. Mais je connais tellement cette sensation de ne pas savoir comment réagir... J'ai quand même croisé quelques vrais connards et connasses. Petit florilège :

     

    - Je discute avec mes potes au milieu du trottoir, je te vois et je me décale pour prendre encore plus de place avec un sourire, puis je regarde Chéri obligé de faire descendre le fauteuil du trottoir beaucoup trop haut...

    - Je te regarde avec dégoût, surtout quand Chéri t'embrasse.

    - Je râle parce que le fauteuil me gene pour passer...

    Mais j'avoue que les connards ont été très très rares comparés à tous ceux qui nous ont proposé leur aide spontanément pour passer un trottoir, pour tenir une porte, qui se poussent avec un sourire aimable pour qu'on voit mieux une oeuvre.

     

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    Le plus gros choc a été de passer de l'Italie à la France. Je m'explique : à Florence (et à Milan aussi d'ailleurs) les gens des musées ou des gares ou de n'importe quelle structure sont payés pour t'aider. Ils viennent te chercher dans la rue pour te dire que non vous n'avez pas à faire la queue, qu'il y a un passage plus simple par là, que telle place est faite pour vous dans le train. Dans les magasins, les gens déplacent les portants pour que vous passiez. Pour les gens dans la rue, comme je l'ai dit les gens ont globalement été adorables. Notre hôte qui nous louait l'appartement voulait savoir si tout allait bien, nous a aider à ranger le fauteuil... Un monsieur que nous ne connaissions pas est venu nous aider quand un trottoir était très penché pour que je ne tombe pas. Dans le train, les passagers nous ont aidés à trouver une place pour que le fauteuil ne gene pas trop, nous aidait à passer si le couloir était encombré...

     

    En France, dans le train les passagers se sont plaint que le fauteuil les gênait (alors que franchement non). Personne de la SNCF ne s'est inquieté de savoir si nous avions besoin d'aide. Sur la Croisette, les gens ne se poussent pas pour te laisser passer bien au contraire, les gens se depechent pour passer pour ne pas avoir à attendre. Les gens viennent râler parce que tu prends de la place sur le trottoir. Et encore je n'ai pas testé Paris ça doit être quelque chose de magnifique... Les Français sont parfois vraiment imbuvable... Genre encore dans la gare, les gens n'ont pas pensé à nous laisser monter dans l'ascenceur en priorité. Bon du coup ils se sont retrouvés coincés derriere le fauteuil tant pis pour eux!

     

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    Par contre j'ai été vraiment désagréablement surprise par le nombre d'endroit qui ne sont pas accessible ou alors uniquement en faisant en grand détour. Et je crois que si un jour je suis vraiment invalide, je passerai mon temps à faire des procès pour rendre l'accessibilité réelle. Parce que une marche ça n'a l'air de rien mais putain quelle galère... J'étais déjà très sensible à ça, et je le fais souvent remarquer autour de moi d'ailleurs. Mais de le vivre c'est encore une autre dimension qui me saute aux yeux.

     

    Et psychologiquement dans tout ça? Parce que ça a beau être un choix de ma part, se dire je suis en fauteuil ça fait mal. Et se remettre debout est un vrai bonheur. Mais si un jour je n'ai plus le choix? Si mon dos fini par me clouer dans ce fauteuil? Je sais que ça sera dur. Aider le processus d'acceptation du handicap fait parti de mon travail. Mais encore plus qu'avant je me rend compte que malgré tous les discours qu'on peux faire, l'acceptation elle se fait entre toi et toi.

     

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 4 Septembre 2013 à 22:17
    Ax-L

    <3 et chaudoudoux. Je suis touchée.

     

    Sinon, Florence, j'en ai un souvenir ébloui, j'y suis allée en voyage scolaire à Pâques 1987.

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    2
    Jeudi 5 Septembre 2013 à 14:45

    Ce qui me choque le plus, c'est la réaction des français! On voit qu'ils ne savent pas ce que c'est que d'être en fauteuil (bon moi non plus hein xD) mais le pire c'est qu'ils n'essaient même pas de comprendre. L'année dernière dans ma fac, il y avait un gars en fauteuil et il galérait a monter la pente "handicapée" (oui parce que  c'est bien beau de faire un accés réservé, mais si la pente est trop "en pente" ben ça sert à rien). Et le pauvre galérait et ceux qui étaient à côté ne faisaient rien pour l'aider! C'est mon copain qui y est allé alors qu'on était pas les près... C'est affligeant. Bon courage à toi en tout cas ♥

    3
    Jeudi 5 Septembre 2013 à 20:33

    Ax-L <3

     

    Make up your nails => Mais oui c'est completement affligeant et choquant. Et c'est vrai que les rampes d'accès juste histoire de dire qu'il y en a une c'est aussi une grosse blague... Mais franchement cette expérience force encore plus le respect quoi. <3

    4
    Jeudi 5 Septembre 2013 à 23:55

    Aaaaah Florence... Ses trottoirs trop hauts, penchés, trop peu larges ; ses magasins inadaptés ; et SES PAVES ! En tant que pousseur je me suis moi aussi rendu compte d'à quel point c'était galère d'être en fauteuil en ville. Comme tout le monde je l'imaginais, mais là, je l'ai vécu ! Et ça fait vraiment réfléchir. Cela dit je m'arrêterai là dans ma critique car effectivement, les florentains et florentines sont merveilleux d'attentions (dans leur grande majorité). J'ai passé une semaine avec toi en fauteuil roulant certes, mais une merveilleuse semaine avec toi en fauteuil roulant. Et j'ai adoré rire et m'amuser et t'embrasser et me balader le long de l'Arno et visiter et manger et emmerder les envieux :D


    Et encore désolé pour le tramway, et les trous dans les trottoirs. Mais surtout pour le tramway <3

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